8 novembre 2023, la DARES publie les premiers résultats d'une enquête sur la certification Qualiopi. 49% des répondants sont certifiés quand 4% sont en cours de certification. On apprend que 48% des non certifiés trouvent les démarches trop lourdes, et 31% le retour sur investissement pas assez important. Le 5 décembre 2023, Digiformag, sous la plume de Johann Vidalenc, publie "Ils ont dit non à Qualiopi". 45000 organismes de formations sont certifiés en France, sur les environ 120000 recencés. On y retrouve, pointés du doigt, la complexité administrative, le coût trop élevé par rapport à ses bénéfices. Autant je comprends qu'on puisse choisir de ne pas se certifier pour des raisons de modèle économique (mais encore faut-il comprendre ce que c'est et en avoir un), autant j'avoue que l'argument des "démarches administratives" m'agace un peu, même si moi-même je le pense parfois. Alors je vous explique, dans ce nouvel article, pourquoi les formatrices et formateurs indépendants devraient "valoir" Qualiopi, même s'ils ne vont pas jusqu'à la certification. Je vous parlerai de bonnes pratiques, de modèle économique, de veille, d'indicateurs de performance, et même de comptabilité !
La certification Qualiopi, appliquée aux actions de formation, est un ensemble d'indicateurs à respecter dans la conception, l'animation, l'évaluation des prestations proposées par les formatrices et formateurs indépendants. A quelques exceptions près, cela représente et concrétise les bonnes pratiques de notre métier. Pour mention, il existe une certification Qualiopi spécifique aux CFA, aux organismes prestataires de bilans de compétences ou aux consultants VAE.
Quand vous décidez de passer la certification, vous prenez rendez-vous avec un organisme certificateur, pour qu'un auditeur vienne vérifier que ces indicateurs sont bien respectés. Il le fera 2 fois sur une période de 3 ans, en tout début (audit initial ou de renouvellement), puis en milieu de période (audit de surveillance). Ces audits vous coûteront environ 1500 € HT pour la période entière (soit 500 € HT par an).
Concrètement, que vous demande t-on ? D'analyser la demande de votre client pour proposer une action en adéquation avec ses besoins, de vérifier que la formation sera bien adaptée aux stagiaires, de préparer des situations d'apprentissage en lien avec des objectifs pédagogiques, d'évaluer vos stagiaires, d'analyser vos pratiques, faire de la veille ou encore vous former tout au long de votre vie professionnelle. Bien sûr un auditeur rigide et pointilleux pourra vous coller quelques non conformités mineures par rapport à son interprétation de la norme, mais rien de facilement corrigible si votre process de travail habituel est maitrisé.
Au final, être capable de répondre positivement aux indicateurs Qualiopi, même si on ne passe pas la certification, est un excellent moyen d'évaluation de ses pratiques de formation, et je dirais même plus, de ses pratiques d'entrepreneur.
Chez mes prospects, le problème réside souvent dans le fait qu'ils se trompent. Pour eux, la certification leur permettra de gagner plus d'argent, plus vite. Et souvent ils vont être déçus, car le seul fait de détenir le sésame n'est pas gage de "plus de clients". Seuls un modèle économique bien préparé, une démarche marketing et commerciale efficace vous apporteront les clients et le chiffre d'affaires.
Je ne veux pas être parfait mais je veux être excellent dans mon domaine. Et l'excellence, c'est en partie ça qui peut me faire gagner de l'argent. Je suis pourtant un grand anxieux, et je n'ai pas une grande confiance intrinsèque en moi. Je ne considère pas l'entrepreneuriat ou la certification Qualiopi comme un test, mais comme un chemin. Je suis sûr de mon process de travail et prêt à le défendre devant les auditrices et auditeurs (cela ne leur plait pas toujours). Je ne suis pas le meilleur entrepreneur, mais je m'efforce de tester et d'appliquer au quotidien des pratiques saines pour mon projet d'entreprise. N'est-ce pas cela qui est important ?
3 indicateurs Qualiopi sont consacrés à la veille, ou plutôt aux veilles (réglementaire, technique et pédagogique, métier). J'ai lu dans l'article Digiformag cité en introduction que faire sa veille et devoir démontrer qu'on l'utilise a pu être une source de problème pour certains. Sérieusement, peut-on envisager de pérenniser une entreprise sur le long terme sans être au courant des évolutions de son métier, sans être capable d'ajuster ses pratiques et son modèle économiques aux avancées technologiques, aux exigences de la réglementation. Bien sûr je suis le premier à me plaindre quand les politiques inventent de nouvelles obligations, parfois et même souvent plus destinées à leur popularité qu'à une véritable avancée pour la société. Bien sûr cela me déplait de changer mes pratiques, de me "plier" à une nouvelle technologie, et sûrement que vous allez me retrouver à râler sur mes réseaux sociaux. Mais cela me déplairait encore d'avantage de perdre mon entreprise sur un manque d'adaptation. Bref, si Qualiopi vous a obligé à remettre le nez dans des formes de veille, c'est salutaire pour votre entreprise.
Je connais de nombreux formateurs consultants qui ont "découvert" les indicateurs de performance avec l'article 2 de Qualiopi. Encore une fois, comment gérer efficacement son entreprise sans suivre de nombreux indicateurs de performance ? On en retrouve dans tous les domaines de l'entreprise :
De nombreux outils permettent de suivre simplement et facilement ses indicateurs de performance et de les publier. Ils auront aussi un impact sur vos partenaires financiers et sur vos clients. Croyez-vous qu'en cas de besojn (par exemple faire financer sa trésorerie si un client ne paie pas dans les temps), le banquier fera plus confiance à un entrepreneur qui suit et anticipe ? Oui bien sûr ! Votre client aura plus confiance à une personne qui peut montrer ses résultats ? Oui bien sûr !
Bien sûr qu'on peut développer un organisme de formation et obtenir sa certification Qualiopi lorsqu'on est en micro entreprise, Là n'est pas la question. Je voudrais vous parler plus de positionnement, d'état d'esprit, de modèle économique. Quand je parle de positionnement, c'est passer du bricolage à l'entreprise, de la perception que 1500 € est un coût très important au fait qu'un telle dépense devienne facilement supportable. Pour cela, vous pouvez vous positionner comme un entrepreneur, plus comme un imposteur ou une personne de passage, mais comme quelqu'un qui va progresser, surmonter les obstacles, créer quelque chose. Je vous souhaite à toutes et tous que cette certification devienne une formalité, comme un brevet qu'on devrait mettre à jour chaque année parce qu'on maitrise nos process, parce qu'on est à la tête d'une véritable entreprise, et plus simplement d'une petite structure bien vivante, mais tellement fragile, sur un style ubérisé.
Je voudrais vous partager mon expérience. Quand ai-je su que je devenais un véritable entrepreneur ? Pas quand j'ai fait plus de chiffres d'affaires, pas quand j'étais en statut de société SARL, mais quand j'ai accepté d'en épouser les codes, les règles et que je me suis positionné comme tel. Je voudrais prendre l'exemple de la comptabilité avec vous.
C'est en 2009 que j'ai décidé de créer ma première entreprise. J'avais eu un certain nombre de cours de compta et de gestion pendant mes études, des années auparavant. J'avais aussi pu voir les bilans et comptes de résultats de l'entreprise dans laquelle j'étais salarié. Et devinez quoi ? Je n'y comprenais rien, même si je faisais bien semblant en répétant quelques phrases types, glanées ici et là. En fait j'étais un excellent salarié. Cette même année 2009, j'ai suivi un cours de comptabilité, mais cette fois pas par un comptable... Par un chef d'entreprise et cela m'est apparu beaucoup plus simple. Mes premières années d'entrepreneurs furent en SARL, avec bilan et compte de résultat chaque année. Ces documents ne me servaient à rien. Puis la chute de ma SARL en 2018, retour bref au salariat, et lancement d'une nouvelle activité en micro-entreprise. Paradoxalement c'est en me mettant à mieux gérer par moi-même mon activité, même en micro, et en collaborant avec une formatrice à la création d'entreprise que petit à petit les choses ont changé. J'ai même quitté avec plaisir le statut de micro début 2023, et je kiffe presque aujourd'hui les documents comptables. Qualiopi m'a aidé à cela, à encore mieux me structurer, à rechercher des outils simples et efficaces (et le moins chers possible), à me challenger, à travailler mes points faibles (développer mon réseau, concevoir des formations en ligne, etc.), à accepter qu'une entreprise, ça se suit, ça se gère et surtout ça se développe ! N'est-ce pas le but premier d'une entreprise commerciale que de gagner de l'argent ? Je suis aujourd'hui un entrepreneur, et cette certification n'y est pas étrangère.
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