Création d'entreprise, les 7 erreurs à éviter
Charlotte déborde d'enthousiasme à l'idée de créer son entreprise. Elle pense avoir bien préparé son coup, bénéficiera des allocations chômage pendant un certain temps. Mais saura t-elle éviter les erreurs courantes des porteurs de projet de création d'entreprise ? Je l'espère pour elle car certaines peuvent être fatales, et parfois assez rapidement.
Je vous propose ici de découvrir la liste des boulettes à ne pas commettre, allant du choix du statut juridique à la mauvaise estimation des ressources à mobiliser, en passant par l'oubli de prendre en considération des éventuels problèmes de santé.
Erreur 1 : choisir un statut juridique inadapté

Le plus souvent, et on peut bien le comprendre tant cela peut être compliqué, le porteur de projet choisit son statut sur les conseils d'un tiers, parfois auto proclamé spécialiste de la création et du développement d'entreprise, sans prendre en considération une minute que :
- Ce consultant n'est peut-être pas suffisamment formé pour répondre à toutes les questions
- Cet expert a un avantage pécunier, une rente mensuelle non négligeable à conseiller un statut plutôt qu'un autre
Chaque statut a des avantages et des inconvénients, et le choix doit se faire au niveau de la protection sociale, de la possibilité "d'alléger" la facture fiscale, et de la qualité de la préparation à la retraite. Les porteuses de projet sont parfois ignorantes que :
- L'entreprise individuelle ou EI, et en particulier la micro entreprise peut devenir un véritable gouffre à charges et impôts du fait des calculs forfaitaires basés sur le Chiffre d'Affaires et pas sur le bénéfice
- La SAS (Société par Actions Simplifiée), et sa version destinée aux entrepreneurs sans associé, la SASU (SAS Unipersonnelle), établit les records en terme de coûts d'honoraires et expertise comptable, ainsi qu'au niveau des charges sur rémunération
- Le portage salarial implique aussi des coûts administratifs parfois importants
- La SARL (Société à Responsabilité Limitée) et sa version pour 1 associé unique l'EURL (Entreprise Unipersonnelle à Responsabilité Limitée) est très gourmande en prélèvement sur d'éventuels dividendes
Quelques règles générales à retenir :
- On ne peut avoir qu'une seule entreprise individuelle (vous et votre entreprise représentez la même personne), alors qu'on peut participer à plusieurs sociétés (la société en elle-même est une personne morale)
- Ouvrir et surtout fermer une société est bien plus cher et/ou compliqué de fermer une entreprise individuelle
- Les seuls statuts ouvrant droit à des allocations chômage décentes (hors assurances privées) est le portage salarial ou le statut de salarié entrepreneur au sein d'une coopérative d'activité et d'emploi
- Quelque soit le statut, les soins de santé en cas de maladie seront couverts à peu près de la même façon. Par contre, le maintien de la rémunération (prévoyance) sera très différent entre un président de SASU (avec un statut de salarié) et un TNS (Travailleur Non Salarié) d'une entreprise individuelle ou d'une EURL
- Le cas général propose qu'une société soit imposée à l'IS (Impôt sur les sociétés) et une entreprise individuelle (EI) à l'IR (Impôts sur les Revenus). Dans les faits, de nombreuses exceptions sont possibles
Mon conseil aux porteurs de projet :
Sans devenir des spécialistes (c'est impossible !), connaitre suffisamment les différents statuts pour identifier les interlocuteurs fiables et de bons conseils
Erreur 2 : sous estimer les efforts commerciaux à fournir

J'ai remarqué que nombre de porteuses de projet que j'ai accompagnées avaient des représentations biaisées, voire très négatives sur la nécessité de vendre leurs produits ou leurs services. Le fait de vendre peut être perçu comme une manipulation (voir image ci-dessus), une contrainte d'autrui, une corvée pour soi-même. Lorsqu'on a de telles représentations, il est en effet très difficile de disposer de l'énergie suffisante (au quotidien!) pour mettre en œuvre une force commerciale nécessaire au bon développement et à la pérennisation de son entreprise.
Créer son entreprise nécessite de réaliser une étude de marché dont la fonction principale est de déterminer un Chiffres d'Affaires (CA = montant total des recettes) prévisionnel. Ce sera aussi l'occasion de faire l'état des lieux de l'offre (les futurs concurrents) et de la demande (besoin client) sur le marché visé. La règle générale est simple : plus la demande est supérieure à l'offre, et moins notre activité commerciale est prépondérante. A contrario, sur un marché très concurrentiel, ou l'offre est parfois très supérieur à la demande, on devra se démarquer et s'employer très fort à vendre nos produits et services. C'est la réalité !
Quelques notions sont importantes à comprendre. Il sera important de mettre en œuvre un plan de communication destiné à atteindre des objectifs marketing ( se rendre visible, générer une liste de prospects qualifiés, augmenter les ventes et fidéliser la clientèle). Le plan de communication reposera sur des leviers marketing (la présence sur Google avec le référencement naturel et payant, sur un réseau social, à des salons, etc.).
Mon conseil aux porteurs de projets :
Choisir des leviers marketing réseau social, blog, podcast, présence sur des évènements, chaine youtube, etc.) où vous pouvez mettre beaucoup d'énergie chaque semaine pour développer votre activité dans de bonnes conditions. mettre en œuvre des tunnels de vente.
Erreur 3 : ne pas suivre (assez) d'indicateurs de performance

Comme l'aime à le rappeler mon amie Lorraine KIHL, avec qui j'ai grand plaisir à travailler depuis de nombreuses années, l'entreprise a le devoir de gagner de l'argent. En tout cas, elle n'a pas le droit d'en perdre. Rapidement, la porteuse de projet se voit naturellement poussée à suivre les premiers indicateurs en rapport avec cette obligation de faire de l'argent : la Chiffre d'Affaires (CA) et surtout la trésorerie. Puis découleront de nombreux autres paramètres en lien avec deux premiers : le nombre de clients, le panier moyen, les délais de paiement factuels des clients, etc. Et ainsi de suite, l'avalanche peut continuer avec des KPI's (Key Performance Indicators) concernant les différents domaines de l'entreprise :
- Commerciaux : nombre de prospects mensuels, nombre d'abonnés (à la newsletter, au profil LinkedIn, au compte Instagram), nombres de vues ou de réactions aux publications, nombre de visites sur le site internet, etc.
- Production et qualité : productivité, nombre d'insatisfactions clients, taux de retour des enquêtes de satisfaction, etc.
- Comptables : CA, trésorerie, marge, EBE, etc.
Des outils simples comme un CRM (Customer Relationship Management) peuvent nous permettre de suivre ces indicateurs et leur évolution dans le temps. Cela ne sert principalement qu'à une chose : détecter des anomalies et réagir avant que la catastrophe n'arrive (image ci-dessus).
Mon conseil aux porteuses de projets :
Choisir 10 indicateurs clés et en suivre l'évolution grâce à un CRM performant.
Création d'entreprise : les autres erreurs à éviter !
Erreur 4 : ne pas faire de veille
Afin d'anticiper les problèmes, nous avons vu précédemment que le suivi d'indicateurs était indispensable. La veille l'est aussi. Être en veille, c'est se tenir au courant de ce que font les concurrents, de ce dont ont besoin les clients, de comment évolue la réglementation dans notre domaine, de comment notre activité va être impactée par des décisions politiques ou par l'évolution de la technologie. Concrètement, on suivra des newsletters, des podcasts, ou encore on fera partie d'un syndicat. Ce travail d'information est primordial pour anticiper la stratégie de son entreprise.
Pour bien choisir ses sources d'information, on privilégiera trois critères, afin de ne pas être noyé (image ci-dessous) :
- La fiabilité de la source pour des infos qualitatives
- Le caractère synthétique qui nous fera gagner du temps
- La régularité des publications
Enfin, dans le même esprit qu'une veille efficace, un entrepreneur pourra se former tout au long de sa vie, et bénéficier de différents financements.

Erreur 5 : Oublier la prévoyance
Lorsqu'on est salarié, fonctionnaire, on bénéficie, dès qu'on signe son contrat de travail d'une mutuelle, ainsi que d'une prévoyance. Sans s'en soucier, nos frais de soins, notre rémunération seront pris en charge en cas de maladie ou accident, et on bénéficiera d'une assurance décès invalidité, nous couvrant en cas de très gros problème. Habitué à cet état de fait, le nouvel indépendant, fraichement débarqué, oublie souvent que pour un travailleur non salarié, la prévoyance n'est pas automatique. Il faut donc solliciter des compagnies d'assurance afin de couvrir une rémunération en cas de maladie, ainsi qu'un budget en cas d'invalidité ou de décès. Deux aspects sont très importants à prendre en compte :
- Les salariés devenus demandeurs d'emploi qui bénéficient d'allocation (ARE : aide au retour à l'emploi) et qui créent leur entreprise bénéficient généralement pendant un an de leur ancienne couverture mutuelle et prévoyance
- Pour les travailleurs non salariés (EI micro et EI réel, EURL, gérant majoritaire de SARL), la prévoyance est soumise à questionnaire de santé. Le bénéficiaire peut voir sa prime augmenter, ou subir des exclusions en cas de problèmes de santé antérieurs ou actuels.
Erreur 6 : négliger ses proches
Devenir chef d'entreprise peut parfois avoir comme conséquence l'investissement corps et âme dans son projet. Cela peut se produire au détriment du temps et de l'attention qu'on pouvait consacrer à ses proches. Après un certain temps, deux problèmes risquent de se poser :
- Les proches le vivent mal, l'entreprise devient un frein à une vie de famille épanouie
- L'entrepreneuse finit par s'isoler socialement
A méditer !
Erreur 7 : négliger sa santé d'entrepreneur
Comme on peut le lire régulièrement, la santé de l'entreprise dépend de celle de son dirigeant. En France, lorsqu'on est salarié ou fonctionnaire, des visites médicales régulières sont programmées et des problèmes de santé peuvent être détectés au passage des années. Ce n'est pas le cas pour les indépendants qui ne bénéficient pas de ce type de suivi. Il faut là encore, prévoir les choses en autonomie.
J'ai entendu, lors des récentes joutes politiques qui secouent notre pays, certains chiffres. Le nombre moyen de jours d'arrêt de travail serait de :
- 14 jours pour les fonctionnaires
- 12 jours pour les salariés
- 2.5 jours pour les TNS
On peut interpréter ces chiffres comme on veut, mais ne serait-ce pas aussi l'expression qu'une partie de la population fait moins attention à sa santé ?
Finalement, avec un bon suivi par des professionnels compétents, et une bonne gestion des compétences émotionnelles, le dirigeant et l'entreprise pourront durer.