Comment bien parler en public est la question posée par moult formateurs, consultants, étudiants à l'occasion d'une intervention à réaliser. On peut vouloir animer une conférence, une action de développement des compétences, ou encore réussir un entretien, un casting, bref une prestation orale.
L'homme est un animal grégaire, et nous occupons tous une place au sein du clan. Seul un petit nombre d'entre nous est destinée à devenir un leader naturel. C'est en tout cas ce que j'ai compris des cours d'approche neurocognitive et comportementale que j'ai suivis. Si on se base donc sur notre cerveau archaïque, seulement quelques élus auraient la chance d'avoir suffisamment confiance en eux pour être à l'aise dans l'exercice. Ce qui explique que la majorité craint cet exercice. Je pourrais vous raconter comment cela a déjà été tellement difficile pour moi.
Heureusement, une préparation adéquate et de l'entrainement permettent de contacter des parties adaptatives de notre cerveau et de bien s'en sortir. C'est ce que nous allons voir ci-dessous.
Ceux qui l'on déjà fait le savent, les autres les craignent. Les premiers instants sont décisifs, sur l'opinion qu'on va se faire de vous, sur la relation qui va se créer avec l'auditoire, ET sur votre niveau de stress. Décisif ne veut pas dire "éliminatoire". On peut aussi mal débuter, et s'en sortir très bien, mais vous conviendrez avec moi que ces quelques instants sont essentiels.
Le tout premier cours que j'ai donné, était devant des étudiants de l'IUT d'Epinal, en licence professionnelle. C'était en septembre 2006. J'y suis arrivé très tranquille, car j'avais l'habitude depuis 1999, d'animer des séances de boxe au sein d'une association sportive. Et là, juste avant de commencer je me suis mis à paniquer, j'avais juste envie de prendre la porte et de m'éloigner très vite. Heureusement, après quelques débuts hésitants, tout a fini par mieux se passer. Pourtant je n'y avais pas pris de plaisir.
Je me suis posé cette question : quelle était la différence entre les cours de boxe et ce cours d'éco-conception au sein de cette licence ? Le niveau des étudiants qui commençait "à causer" ? Le fait que je sois en mouvement et on sait que le sport réduit le stress ? Autre chose ?
Je me suis rendu compte bien plus tard que cela n'avait rien avoir avec tout cela. La différence résidait dans mon "intention". Je savais que je n'étais pas un "cador" en boxe française, et je n'avais tout naturellement pas l'intention d'être le meilleur. certainement pas. A l'IUT, c'était différent, je voulais passer pour un expert, et j'en avais donc l'intention.
Premier moyen de se mettre un maximum de pression : se tromper d'intention. Je vous donne un tuyau. Si votre intention est tournée vers le besoin de votre auditoire, et pas vers vous, c'est déjà un très grand pas.
Laissez-moi vous donner quelques exemples d'intentions très stressantes : être le meilleur, décrocher 5 contrats, me faire remarquer, briller, être l'expert de la soirée. Certains vont me dire que si, c'est du bon stress et qu'ils font comme cela avec un grand succès. Je leur répondrai qu'ils ont très certainement la chance de faire partie de cette catégorie de personnes destinée à "dominer" ou que derrière leur intention se cache une motivation, un talent pour la compétition.
Meilleures sont les intentions comme recueillir des besoins, échanger, partager, écouter, s'intéresser aux personnes présentes, créer des liens, etc.
Celui qui a une intention comme : "je ne veux surtout pas être ridicule", qui peut s'écrire aussi "je dois être bon" ou encore "je n'ai pas le droit d'être mauvais", risque de passer les 10 minutes qui précèdent l'intervention à faire des techniques de respiration pour se calmer (il est centré sur lui). Au contraire, celui qui a une intention comme "s'intéresser sincèrement aux personnes présentes" passe ces mêmes 10 minutes à serrer des mains, prélever des cartes de visite, échanger des sourires, des anecdotes, et ainsi entrer dans son intervention sans même sans rendre compte.
Pour ce qui me concerne, cela fait bien longtemps que j'ai trouvé l'intention qui me convient pour bien parler en public. Je me donne simplement la mission d'être professionnel, donc de faire ce qu'on attend d'un formateur. Je recueille les attentes des participants, leurs craintes, leurs projets, leurs représentations, j'évalue leurs acquis, j'explique, je montre, je conseille, je remédie aux questions. Nulle question d'être le meilleur, juste de faire mon job.
Si vous êtes de ceux qui craignent les interventions en public, vous ne le faites que quand vous êtes obligé(e). Oui je suis bête, si vous lisez ces lignes, c'est que vous y avez un intérêt ! Vous le faites donc le plus souvent quand il y a un enjeu important. Oui évidemment ! Et qui dit enjeu important, dit "stress" important ! Ce n'est pas la bonne méthode. Vous savez que vous aurez à parler en public, et bien faites le dès que possible, en famille, avec des amis, lors de réunions. Deux conditions importantes : choisir où et quand s'exposer, et subir un peu de stress pour progresser.
S'il n'y a aucun stress, passer à l'étape suivante. S'il y a trop de stress (plus de 7 sur une échelle de 0 à 10), passer par une étape intermédiaire.
Si vous faites cela, vous constaterez rapidement que votre niveau de confiance va augmenter étape après étape, de la même façon que les personnes qui affrontent un phobie constatent qu'une des meilleures techniques pour faire diminuer la peur est l'exposition contrôlée.
Je peux vous raconter l'histoire de mon ami Yves-Marie. Ce dernier était pétrifié dès qu'il devait animer. A l'époque où je l'ai rencontré, il s'était inscrit au titre professionnel de formateur d'adulte que j'animais. C'était en 2016 je crois. C'était la seconde fois qu'il le passait, après un échec avec un autre organisme. Il avait décidé de recommencer la formation complète. Quel courage ! A force de répétitions, il s'est habitué et il anime aujourd'hui des formations tous les jours. Ce qui relevait de l'exploit en 2016, est devenu une formalité aujourd'hui.
Ah ah la grande question de la légitimité. Comment y répondre ? C'est impossible !
Réfléchissons un peu ! 20 heures, je rentre dans la salle de boxe pour donner un cours. Les élèves sont là en tenue. Le grand Lionel donne de la voix et du muscle. Pauline se prépare pour un championnat et Gérald exécute de magnifiques coups de pieds tournants à faire rougir le Jean Claude Van Damne des années 90. Pfff, suis-je légitime ?
Oui et non, et puis on s'en fout ! Quoi ? Oui parce que votre légitimité, la mienne, on s'en fout. L'important n'est pas là ! Encore une fois, ce sont les besoins de l'auditoire qui comptent, les raisons qui les ont poussé à s'inscrire à votre intervention du jour. A vous d'orienter ces inscriptions en fonction de vos compétences, et pas d'une notion de légitimité.
Prenons un exemple. Corinne est une jeune naturopathe, récemment formée, qui lance son activité en cabinet. Pour se faire connaître, elle organise des soirées découverte. Pourtant elle n'a que très peu d'expérience. Alors, est-elle légitime ? OUI
Oui car elle a forcément des compétences, comme tout le monde je dirais. Imaginons qu'elle aime cuisiner des herbes sauvages et qu'elle fait régulièrement des bons petits plats à sa famille, ses amis. Il suffira que sa soirée découverte porte sur ce sujet, car elle a cette compétence. Elle communiquera là-dessus. Les personnes qui s'inscriront le feront pour ça et passeront une excellente soirée. Corinne répondra au mieux aux autres questions.
Mon cours de boxe ? Pareil, il portera sur mes compétences, sur ce que je connais et aime. Les personnes présentes découvriront cela et prendront ce qu'elles auront à prendre en fonction de leurs besoins et projets.
Prenons un cas un peu plus compliqué. Fabien doit animer une formation sur un sujet qu'il ne maitrise pas totalement. En effet, il est salarié et son supérieur l'a affecté à cette action parce qu'il était disponible à ce moment là. Est-il légitime ? OUI !
Cela m'arrive régulièrement. Pas plus tard que cette année, un client qui apprécie mon travail me demande une formation en gestion de projet. Je lui réponds que je vais lui chercher un intervenant. Il me répond qu'il désire que ce soit moi ! Là tout à coup, je ne me sens plus du tout légitime. Et pourtant c'est à moi qu'il demande, tout comme le chef de Fabien. S'il fait cela, c'est qu'il a des raisons de croire que ça va bien se passer ! Qui risquerait de "planter" une formation, une conférence ? Si on s'adresse à moi, c'est qu'on pense que c'est OK !
Voilà ce que je fais dans les cas-là :
Bref je m'adapte. Et ça se passe toujours bien.
Alors pourquoi je dis que la légitimité on s'en fout ? Parce que c'est une notion subjective, voire émotionnelle. En effet, si je réfléchis un peu à mes compétences, à mon expérience, aux outils et ressources que je peux mobiliser, je suis légitime. Et si par ailleurs quelqu'un considère que je suis légitime, c'est que je le suis sûrement.
Aux 3 essentiels présentés ci-dessus je vous donne d'autres truc et astuces pour bien parler en public.
Tout d'abord, il vous faudra fixer des objectifs précis, réalistes, qui dépendent de vous, et sont mesurables. Par exemple ramasser des cartes de visite, poser au moins une question à 10 personnes différentes, chercher un allié dans l'auditoire, raconter une anecdote, présenter une vidéo.
Ensuite, un des secrets les mieux gardés est de faire participer l'auditoire : un jeu, un dessin à réaliser, n'importe quelle activité facile et ludique qui a un rapport avec le sujet traité.
Enfin, vous pouvez vous entrainer à la méditation de pleine conscience et utiliser quelques plantes qui limitent l'effervescence de votre système sympathique, responsable de la transpiration, des palpitations et de la poussée d'adrénaline (aubépine, valériane, passiflore, pavot de Californie, mélisse).
Si vous avez d'autres trucs, n'hésitez pas à nous les partager en commentaires.
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