Formation émotion : épisode 2

Comment mieux contrôler ses émotions

Le simple fait de vouloir contrôler ses émotions montre à quel point nous avons le sentiment que ces dernières nous commandent dans certaines situations. Ces mêmes situations sont vécues très souvent comme inefficaces voire difficiles. Il serait tellement plus facile de pouvoir garder le contrôle et ne pas subir une nouvelle fois cet état interne qui m'empêche d'être la personne que j'ai envie d'être, de dire non quand il faudrait le faire, d'être capable d'affronter un problème sans angoisse ou d'éviter de "péter un câble" en public.

Nous allons dans ce cours voir s'il est possible de se "débarrasser" des états internes gênant, et enfin pouvoir se réaliser !

Nous avons tous des "programmes" inadaptés

Notre cerveau peut, à certains moments, fonctionner comme un ordinateur. Une situation = 1 programme. Par exemple, pour aller acheter du pain, et sans m'en rendre compte, je met en route les programmes :

  • marcher
  • parler français poliment
  • compter la monnaie
  • conduire

Dans la plupart des situations, nos programmes sont adaptés. ces programmes ont été installés, consciemment ou non, lors de nos expériences de vie et nos apprentissages.

Certains de ces programmes sont dysfonctionnels. Par exemple, on peut avoir un programme défaillant pour parler à des inconnus, s'exprimer en public, s'affirmer, et c'est ainsi que séduire par exemple, peut devenir un problème majeur dans la vie de certains. Ce sont ces programmes "inadaptés", ce que le psychologue américain Jeffrey. E Young a nommé "les schémas précoces inadaptés", qui sont à l'origine de bon nombre de nos états internes limitants, à notre grand désespoir.

Nous avons vu dans le cours précédent qu'un état interne ne se limite pas à des émotions, il est accompagné de croyances, pensées, envie d'agir, impulsions, etc. Jeffrey Young a précisé une petite vingtaine de schéma précoces qui amènent un vécu pénible pour les gens. Parmi ces "programmes", on retrouvera :

  • Le schéma "vulnérabilité" qui vous soumet à différents types de peurs. Les personnes qui y sont sujettes, persuadées qu'elles sont "faibles" au fond d'elles, craignent la maladie, l'agression physique ou verbale, la perte de contrôle et la précarité toute leur vie.
  • Le schéma "imperfection" laisse croire à son détenteur qu'il n'est pas aimable, que quelque chose déconne chez lui, et que personne ne l'aimera jamais pour ce qu'il est
  • Il y a aussi les schémas "abandon", "échec", ou encore "tout m'est du" qui amènent leur lot de pensées, émotions, impulsions et souffrance émotionnelle.

La figure ci-dessous présente différents schémas de Young. Pour chacun d'eux, la phrase entre guillemets propose les croyances vécues par les personnes les ayant développés. Ces croyances apportent souffrance et sont inscrites, très souvent profondément en nous.

les schémas inadaptés de Young, quand nos émotions ont la vie dure
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Quand les émotions prennent le contrôle

Ce midi, après le repas, j'ai ressenti une pulsion importante, manger du chocolat. Je sais que ce n'est pas bien pour moi, vu la qualité de mes prises de sang. Pourtant, tout mon corps m'appelait à l'action... Pour un gâteau au chocolat noir, ou encore une montagne de ce délicieux chocolat noir suisse, présenté sous la forme d'une chaîne de sommets. Je ne dis pas qu'il est mal de manger du chocolat, dans certaines conditions dont on reparlera dans les cours suivants.

Devant une telle pulsion, la tendance de l'être humain se résume à trois comportements :

  • Capituler devant la pulsion et avaler la moitié d'une tablette
  • Fuir la pulsion en essayant de m'occuper immédiatement, travailler, afin de ne plus y penser
  • Contre-attaquer et devenir le dieu du "bien manger", le redresseur de tort qui prône le retour aux bons aliments crus de nos ancêtres les hommes préhistoriques.

Pour les émotions, c'est pareil. Imaginons Cyrille, sujet à un "programme" du genre "je ne vaux rien, personne ne m'aimera jamais". Cyrille n'arrive pas à trouver une chérie et il en souffre. Il se sent honteux d'être seul, triste, et en colère contre la mauvaise fortune qui la amené à être ainsi. Cyrille voudrait se débarrasser de sa "timidité". Pourtant, toute sa vie, Cyrille n'a eu que trois comportements devant des situations qui ont "allumé" son programme :

  • Le plus souvent il capitule en n'osant pas, en restant à distance des filles qui lui plaisent
  • Par moments dans sa vie, il s'est dit "et puis merde", il a voulu se montrer conquérant sur les conseils de ses amis, et il est devenu presque agressif, hautin, désagréable. Il a joué le rôle du "séducteur", a attiré à lui des personnes qui ne lui correspondaient pas et les histoires se sont terminées dans la douleur
  • A d'autres moments, il a "noyé" son programme dans les jeux, l'excès d'alcool pour ne plus ressentir

Cyrille s'est laissé guidé par les comportements de réaction, fight or flight, devant son schéma, ce qui n'a fait que le renforcer, ainsi que les états internes qui vont avec.

Pas terrible hein ? Et pourtant c'est ce qui arrive quand l'émotion devient l'ennemie dont il faut se débarrasser, ou quand on veut prendre le contrôle de ses émotions. Pas glop si ?

A retenir :

Nos états internes sont caractérisés par des émotions, des impulsions, des pensées. Ces vécus sont largement influencés par des schémas que nous avons programmés dans l'enfance. Nous passons notre temps à être "accrochés" à ces schémas en nous y soumettant, en nous y opposant, ou en essayant de les éviter. Tout cela entretient et aggrave nos ressentis difficiles.

Contrôler ses émotions ou les vivre ?

Si vous m'avez suivi jusque là, vous avez compris que vouloir se débarrasser de ses émotions difficiles, comme chercher à les contrôler, n'est pas forcément une bonne idée. D'ailleurs, si vous réfléchissez un peu, vous constaterez que c'est ce que vous faites depuis toujours non ? Est-ce que cela a marché ? Quels résultats avez-vous obtenu ?

De mon côté, je suis soumis régulièrement à une très grande anxiété. Pendant des années, j'ai cherché à la combattre, à m'en débarrasser, à la contrôler. Qu'ai-je obtenu ? Toujours plus d'angoisse ! Comme si j'étais "accro", elle occupait tous mes projets, toutes mes pensées. Les choses n'ont fait que s'aggraver jusqu'au moment où j'ai du employer la chimie pour ne plus penser. Je sais maintenant qu'on peut vivre sans recourir à la chimie pour "maitriser" ses émotions, sans lutter, sans me soumettre à l'anxiété.

La première chose à faire est de vivre ces émotions. L'anxiété est une expérience, la honte une autre, la culpabilité encore une autre. L'important est de les prendre pur ce qu'elles sont : un niveau d'énergie interne, parfois intense, qui aura un début, un sommet (là où l'émotion est la plus intense), et une fin. Si on cherche à la contrôler, on va lutter, se soumettre ou fuir, et on n'en verra jamais le bout, le moment où l'émotion meurt de sa belle mort. Une émotion n'est pas dangereuse. Ne dit-on pas que le ridicule ne tue pas ? Ben en effet, être en échec, se sentir humilié parce qu'on n'a pas mené un projet à bien, cela ne tue pas. par contre ce n'est pas très agréable à vivre, et ça le sera encore moins si on n'accepte pas de la vivre.

Nous avons vu dans le premier épisode que nous pouvons observer nos états internes, les caractériser. L'application de cette leçon est maintenant de les vivre comme des expériences, qui ont un début, un sommet, et une fin. L'important est de le faire en pleine conscience, dans l'instant présent, et observer tout ce qui nous entrainera dans le passé (souvenirs, blessures, images) et dans le futur (peur) sans pour autant les suivre.

Démonstration : fluidifier ses émotions

La démonstration porte sur la première étape de l'apprentissage d'une bonne gestion des émotions. Je vous propose de découvrir ici le travail qu'on peut réaliser pour fluidifier ses émotions et leur permettre de vivre leur vie "d'émotion" et pas de vivre leur vie de "vérité absolue". La scène que je vous décris est une scène de mon quotidien, qui met en jeu le schéma "imperfection".

Première étape : identifier

Le moment où survient un état interne jugé "négatif" pour la nième fois : c'est dimanche, je me lève et je passe par les toilettes, puis la salle de bain et je me vois dans le miroir. La vision me dégoûte, je me sens en colère et honteux. Je me dis que personne ne pourra aimer quelqu'un comme ça.

Seconde étape : observer

C'est un moment crucial, observer les impulsions, les appels à l'action qui accompagnent le ressenti difficile. Voilà ce que toute l'énergie interne me demande de faire :

  • Fuir ce miroir et penser à autre chose (éviter l'expérience douloureuse)
  • Foncer à la salle de sport, démarrer un régime (contre-attaque, prouver que ces pensées ne sont pas vraies !)
  • Foncer sur un petit déjeuner copieux (soumission : foutu pour foutu, autant profiter...)

Dans ces trois cas, je reste "accro" à l'état interne douloureux, il devient le centre de mon attention, et je réagis par rapport à lui. Je ne fais que confirmer et entretenir le schéma ! Il est urgent de ne pas céder (tout de suite et sans réfléchir) à ces appels à l'action.

Troisième étape : accepter

Accepter l'expérience douloureuse. Je vis de la honte, je m'inquiète pour mon avenir. C'est cela la honte, c'est cela l'anxiété, deux émotions que de toutes les façons je devrai vivre un jour ou l'autre de ma vie. Par ailleurs, ce ressenti revient très souvent, il y a de grandes chances pour qu'il provienne d'un "programme" inadapté qui nourrit ma machine à penser. C'est OK, je reste maitre de ce qui va se passer maintenant.


Et que va-t-il se passer maintenant ? l'heure du choix ! rendez-vous dans l'épisode trois pour le découvrir. en attendant, il vous faudra vous entrainer à réaliser les trois étapes ci-dessus dans les situations émotionnelles qui vous "pourrissent" la vie. des exemples ?

  • Je me suis encore laissé faire par mon patron, mon compagnon, mon voisin...
  • Je me suis encore fait humilier
  • Je fais des crises d'angoisse
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